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Au-delà des clics: les réseaux sociaux façonnent nos prises de décisions
De nos jours, les réseaux sociaux instituent un nouveau mode de perception à travers les réactions. Ainsi, des personnalités aussi bien que des institutions mesurent leur impact grâce aux likes, aux commentaires ou aux partages qu'elles acquièrent sous leur publication. Mais au lieu de simplement servir de feedback, ses réactions dictent désormais des convictions et des choix de position.
Le plus grand réseau social au monde Facebook a lancé son premier modèle de publication de contenu avec possibilité aux internautes de réagir par un « like » en 2009. 15 années plus tard, c'est devenu la grande mode des réseaux sociaux : proposer des contenus et s'attendre aux réactions. Les interactions entre les êtres humains participent à la formation de leurs opinions. L'homme est de plus en plus tenté à interagir avec des personnes qui partagent ses points de vue. Face à une menace extérieure qui semble les unir, les gens ont souvent tendance à se regrouper (Stein, 1976).
Ils sont plus de 4,74 milliards de personnes qui utilisent les réseaux sociaux à travers le monde, et une forte proportion réagit chaque jour aux contenus publiés selon les chiffres de HootSuite. Plus de 4 milliards d'expressions différentes qui soutiennent, questionnent, suggèrent, ironisent, défendent ou dictent des positions vis-à-vis des contenus qu'ils consomment. En plus de consommer, ces utilisateurs influencent eux aussi désormais les manières de se positionner, car pour les atteindre il faut aussi prendre en compte ce à quoi ils s’attendent.
Les chiffres dissipent les doutes concernant l'impact que les réseaux sociaux peuvent avoir sur l'opinion. En effet, toujours selon les données présentées par HootSuite, ils sont plus de 4,74 milliards de personnes qui utilisent les réseaux sociaux à travers le monde. En 2022, le nombre d’utilisateurs des réseaux sociaux a augmenté de 4,2 %. Plus de 75 % des plus de 13 ans utilisent les réseaux sociaux à l’échelle mondiale. Plus de 93 % des internautes sont présents sur les réseaux sociaux. Dans le monde, les internautes consacrent en moyenne 2 heures et 28 minutes par jour aux réseaux sociaux. Et selon les prévisions de Statista, le nombre d'utilisateurs de réseaux sociaux dans le monde devrait atteindre 5 milliards en 2024.
Le rôle des influenceurs
Le concept d'influenceur semble être une notion récente, associée à l'avènement des réseaux sociaux. Cependant, il remonte à 1940 lorsque Paul Lazarsfeld aborde pour la première fois ce concept dans son ouvrage « The People's Choice ». En pleine campagne présidentielle aux États-Unis, il entreprend une étude sur un groupe de 600 électeurs du comté d'Érié dans l'Ohio, dans le but de « découvrir les gens ». Au cours de cette enquête, il met en évidence que le vote n'est pas simplement un choix individuel, mais qu'il est influencé par les variables liées au réseau social de l'individu.
Dans une entrevue disponible sur le site du journal CNRS Le Journal, le mathématicien David Chavalarias expliquait comment des groupes de militants se mobilisent en ligne pour infléchir le cours des événements. Il est l’auteur du livre « Toxic Data » sorti en mars 2023 dans lequel il explique que les réseaux sociaux sont aujourd’hui massivement utilisés pour manipuler les opinions et cite en exemple les campagnes électorales, les différents conflits entre les pays et autres.
De nos jours, certaines communautés minoritaires, souvent victimes de discrimination, s’associent à des influenceurs afin de provoquer une autre perception de leur image. Les médias socionumériques représentent à la fois des opportunités et des menaces pour les groupes minoritaires et marginalisés. Ces technologies offrent aux minorités la possibilité de contourner les médias traditionnels, souvent contrôlés par des intérêts privés défavorables à leur cause, et de communiquer directement avec leur public cible.
Des exemples concrets
Dans les années 1930 et 1940, la présidence de Franklin D. Roosevelt s’est appuyée sur l’utilisation innovante de la radio. En 1960, l’élection de John F. Kennedy s’est appuyée sur l’essor de la télévision et des techniques de marketing. Un autre président américain, Barack Obama, s’est démarqué en 2008 par l’utilisation de Facebook comme un canal pour sa campagne électorale. Dans l'ère moderne de la plateforme, c’est la première grande référence sur la manière dont les réseaux sociaux peuvent aider à dicter une position. Il reste cependant impossible de distinguer la part de réseaux sociaux dans l'élection du premier afro-américain à la tête des USA.
En janvier 2021, la majorité des réseaux sociaux les plus connus ont annoncé des sanctions à l'encontre de l'ancien président américain et actuellement candidat pour un second mandat, Donald Trump. L’homme d’affaires est accusé de nuire à la démocratie à travers les plateformes sociales. Dans un article exposant la situation, la Radio France le décrit comme « l’homme qui a court-circuité la démocratie à travers les réseaux sociaux », pour montrer l'impact de ses différentes publications sur l'opinion publique.
Récemment en Haïti, la jeune artiste Tafa Mi-Soleil a divisé la toile à la suite d'une opinion qu'elle a émise lors d'une entrevue à Haïti Inter en France. Ses propos ont suscité une vague de questionnement. D'autres personnalités ou influenceurs chrétiens ou non, supportent ou démontent son opinion avec vigueur. L'une des plus grandes campagnes de demande de reddition de compte du 21ème siècle en Haïti avait été amplifiée par les réseaux sociaux avec les hashtags #PetrocaribeChallenge et #KotKobPetroKaribea? Cette campagne a été lancée par Gilbert Mirambeau sur Twitter le 14 août 2018.
L’ancien président haïtien Jovenel Moïse avait fait face à une campagne de désabonnement à son compte Twitter ( #UnfollowJovenelMoise) le 14 juin 2014. C'était un moyen pour les internautes de lui signifier son impopularité. Plus tard, lors de certaines manifestations politiques, certains leaders et opposants ont cité cette campagne comme preuve que la population est à bout des discours du Chef de l’État. Ces épisodes et de nombreux autres ont montré comment les réseaux sociaux peuvent servir de vecteur pour orienter les prises de position.
Le jeu des algorithmes
Les entreprises de divertissement utilisent des algorithmes d'intelligence artificielle pour retenir les utilisateurs sur leurs plateformes en leur proposant du contenu personnalisé, basé sur leur comportement et leurs intérêts. Cependant, ces algorithmes peuvent être biaisés et représenter un danger pour l'humanité en favorisant l'addiction. Par exemple, sur Facebook, l'algorithme de suggestions d'amis utilise des méthodes de clustering pour proposer des profils similaires à ceux de l'utilisateur, ce qui peut influencer leur mode de pensée et leur comportement en ligne.
En somme, les réseaux sociaux exercent une influence profonde sur nos opinions et nos actions, façonnant nos perceptions et nos choix. Avec des milliards d'utilisateurs, ces plateformes jouent un rôle clé dans la transmission des idées, mais elles comportent également des risques, notamment en favorisant les biais et l'addiction. Il est essentiel d'adopter une approche critique et responsable de leur utilisation pour promouvoir un environnement en ligne sain et éthique.
Merck'n Sley Suprême Jean-Pierre