Banj Media, est un média inclusif et alternatif qui s’adresse aux générations connectées. À travers nos missions, nous nous engageons à fournir à notre public des informations, des analyses, des opinions et des contenus captivants qui reflètent la diversité et les intérêts de la jeunesse haïtienne.
La dysménorrhée : comprendre et soulager les douleurs menstruelles
La dysménorrhée, ou douleur menstruelle, est une condition fréquente chez les femmes en âge de procréer, caractérisée par des crampes abdominales intenses qui surviennent juste avant ou pendant les règles. Pour mieux comprendre cette problématique, nous avons eu l'opportunité d'échanger avec le Dr. Denlor Petit-Homme, obstétricien gynécologue renommé, qui nous a éclairé sur les aspects médicaux, les traitements et les perspectives de cette affection.
Le Dr. Petit-Homme explique que la dysménorrhée n’est pas une pathologie, mais plutôt des douleurs lors des règles. Ces douleurs font partie des algies pelviennes, que les femmes ressentent dans le bas-ventre ou dans le bas du dos. C’est le principal motif de consultation chez les femmes en gynécologie. Le gynécologue nous informe qu’environ 30 % des femmes (1 sur 3) ont des douleurs lors des règles, la dysménorrhée est responsable de l'absentéisme chez les jeunes filles de 10 à 15 %, de 5 à 10% chez les jeunes femmes, de 2 à 5% chez les jeunes mamans. D’autres sources avancent que plus de 75% des femmes souffrent de dysménorrhées.
Les types de dysménorrhée :
“Les dysménorrhées sont de plusieurs types. Il y a les dysménorrhées primaires pour lesquelles il n’y a pas vraiment de causes organiques, mais plutôt des explications et des théories. Les dysménorrhées primaires apparaissent dès les ménarches (premières années des règles).” nous indique M. Petit-Homme avant de préciser “On a constaté que chez les femmes qui ont un cycle ovulatoire, les dysménorrhées primitives ont tendance à disparaître après la première grossesse, qu’elle soit par aboutie par un accouchement par voie basse ou par césarienne. En général, il n’y a pratiquement plus de dysménorrhées primitives après cette première grossesse.”
Il existe également les dysménorrhées secondaires, ayant à la base une cause organique comme l’endométriose, des anomalies au niveau de l’utérus, des infections et beaucoup d’autres causes. Les algies pelviennes peuvent être aiguës ou chroniques. La dysménorrhée fait partie des algies pelviennes chroniques cycliques, cela a rapport au cycle menstruel.
Pourquoi une femme a des douleurs?
Selon les explications de l’obstétricien, l’une des premières théories qui expliquent les dysménorrhées primitives c’est la théorie spasmodique, qui explique que certaines contractions sont à l’origine de l’évacuation du sang, mais s’il y a un retard dans l’ouverture de l’orifice cervical, cela peut entraîner des douleurs. La deuxième, c’est la théorie ischémique, c’est-à-dire un manque d’apport sanguin. Lors des contractions utérines, il y a une sorte de blocage de l’apport sanguin au niveau de l’utérus, cette absence d’apport sanguin va entraîner la douleur.
Il y a également la théorie congestive qui explique la douleur menstruelle par des lésions infectieuses, des problèmes de constipations ou autres. D’autre part, lors des règles, il y a une augmentation de la prostaglandine, ce sont des acides gras insaturés qui ont une action stimulante qui provoque les contractions de l'utérus. Lors de l'apparition des règles, la prostaglandine peut être un facteur qui entraîne la douleur. Il y a également d’autres causes comme les facteurs neurologiques, psychologiques.
Le professionnel précise que dans le cas de la dysménorrhée secondaire, qui est d’origine organique, il y a des causes à la base de la douleur, parmi lesquelles l’endométriose, les sténoses du col, l’infection génitale, le port de stérilet, les infections, les malformations, d’autres pathologies comme le syndrome de Mastraling, les fibromes, etc.
Comment se manifeste la dysménorrhée ?
“Elle se manifeste par une douleur qui siège à la région pelvienne, qui peut toucher la région lombaire, la région sacrée, le périné, la femme peut aussi avoir une douleur dans le vagin, ça peut prendre tout l’abdomen. Ces douleurs peuvent se manifester comme des douleurs à type de crampes (douleurs spasmodiques) ou douleurs lancinantes” indique Dr. Petit-Homme.
Il a également fait remarquer que pour catégoriser les douleurs qu’une femme peut avoir au moment de la consultation, le moment de l’apparition dans le cycle est très important pour les gynécologues. Si la douleur survient dans les 12 à 24 heures avant l'apparition du flux sanguin, on parle de douleurs préméniales, quand la douleur survient dès le début du flux menstruel, on parle de douleurs protoméniales. Lorsque la douleur devient maximale au milieu des règles (2 ou 3 jours) on parle de douleurs tardives ou téléméniales (qui font évoquer le plus souvent une endométriose).
Le moment d'apparition permet aussi de savoir le type de dysménorrhée en question. Par exemple, la douleur téléméniale est liée à la dysménorrhée secondaire.
Pour le traitement de la dysménorrhée
Le médecin dit regretter le fait qu’il y ait une certaine tendance à banaliser la dysménorrhée. “On les prend rarement en charge. Pourtant, une douleur intense peut paralyser la patiente, et nuire à son quotidien. Il faut toujours investiguer pour détecter s’il n’y a pas une cause organique, car le traitement sera adapté aux causes avec également la prescription d’analgésique” alerte-t-il.
Il rappelle toutefois que dans le cas de la dysménorrhée primaire, on peut agir surtout quand la douleur est trop intense, pour aider la patiente à la supporter, puisqu’il n’y a pas réellement une pathologie associée.
Il a également cité pour les cas “légers” à “modérés”, des mesures d'autogestion telles que l'application de chaleur sur l'abdomen, la pratique régulière d'exercices physiques peuvent être efficaces. Cependant, dans les cas plus sévères ou lorsque la douleur est associée à une condition médicale sous-jacente, des options de traitement plus avancées peuvent être nécessaires, y compris l’action sur les prostaglandines avec des inhibiteurs, ou avec des anti-prostaglandines, les contraceptifs hormonaux, des antispasmodiques. Les médicaments doivent être adaptés à la patiente en question.
En conclusion, la dysménorrhée reste un défi pour de nombreuses femmes, mais grâce aux progrès médicaux et à une meilleure compréhension de cette condition, il existe de nombreuses options de traitement disponibles. Dr Denlor Petit-Homme plaide en faveur de l'éducation des femmes sur le problème de la dysménorrhée, tout en les encourageant à voir leur médecin pour éliminer les causes organiques.
Merck’n Sley Suprême Jean-Pierre