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De la liberté à la dérive, l’impact démesuré des opinions à travers les réseaux sociaux
L’ère du numérique est prête à tout faire exploser par le biais des réseaux sociaux. De part et d’autre, les opinions sont balancées avec aisance et chacun peut facilement s’ériger en roi ou en démon par cette extraordinaire opportunité de se faire entendre. Mais au lieu de tout rendre beau, cette liberté est devenue une arme terrible, à double tranchant.
La première raison pour laquelle les réseaux sociaux sont utilisés semble claire : rester en contact avec ses proches. En effet, ils sont près de 49,5% des utilisateurs motivés par cette raison selon les statistiques les plus récentes présentées par DataReportal. Cela n’est pas trop différent de l’objectif de ces plateformes qui, depuis leur création, misent sur cette tendance à briser les barrières qui jadis, limitaient les relations sociales. Mais, certaines réalités montrent une autre facette de ces plateformes.
Une véritable illusion de la liberté
A mesure de donner la possibilité à des millions d'utilisateurs de partager tous les types de contenus, les réseaux sociaux ont également contribué, même de manière non déclarée, à faire grandir un concept qui trop souvent demande à être explicité : la liberté d’opinion. L’émancipation de divers types de discours n’a pas seulement permis à toutes les voix de se faire entendre, il a de plus, rendue délicate et complexe la manière dont les idées sont partagées et perçues.
En vrai, la liberté d’opinion ne pose aucun problème car en théorie, elle n’a pas besoin d’être protégée car chacun peut penser ce qu’il veut dès lors qu’il n’exprime pas ses pensées. De plus, en son article 19, la déclaration universelle des droits de l’homme dispose que “ Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit “
Néanmoins, quand cette opinion est exprimée, elle peut avoir des conséquences sur l’opinion publique, et c’est en ce sens qu l’Institut National de l’Audiovisuel en France rappelle que la liberté d’opinion et d’expression ne doit pas être confondue à la liberté de dire n’importe quoi sur les réseaux sociaux.
Les réseaux sociaux participent à l’amplification des discours choquants et extrêmes
Dans un article publié sur le site de BMFTV, le questionnement sur les algorithmes utilisés sur les réseaux sociaux fait écho. En effet, les algorithmes de recommandation sont des intelligences artificielles qui analysent les données des utilisateurs pour leur proposer des contenus pertinents. L'objectif : capter l’attention des utilisateurs le plus longtemps possible, et leur proposer des publicités. Sauf que, comme le démontrent plusieurs rapports, les algorithmes ont une tendance à favoriser le "buzz" et les contenus extrêmes au détriment des contenus de qualité.
En plus, ces algorithmes enferment les utilisateurs dans des “ bulles de filtres” et les exposent à des contenus néfastes. Il est constaté qu’une personne regardant beaucoup de vidéos sur le chagrin d'amour se voyait ainsi peu à peu proposer des vidéos sur le thème de la dépression ou du suicide. De la même manière, une personne qui a tendance à publier des discours violents, ou à caractères sexuels, peut se retrouver avec des propositions de contenus qui vont uniquement dans le sens de ses publications.
En d’autres termes, les algorithmes qui régissent les plateformes sociales favorisent les contenus engageants, souvent sensationnels et clivants. Cette logique donne une visibilité disproportionnée aux opinions extrêmes, au détriment des voix modérées et rationnelles. La surexposition à des discours radicaux peut contribuer à la radicalisation des positions et à la polarisation des débats. De plus, les fausses informations, à tendances choquantes, deviennent facilement virales.
Ceux qui s’expriment suivent la logique de l’opinion en roue libre
Wendy Duvert de son nom d’artiste Wendy est un rappeur haïtien très populaire sur les réseaux sociaux comme le démontrent les chiffres, il compte plus de 1,2 millions followers sur Instagram, et plus de 490 mille sur X (Ancien Twitter). La chaîne Youtube qui publie généralement ses vidéos compte plus de 710 mille abonnés. Il est également parvenu à accumuler plusieurs fois les millions de vues sur Youtube avec des titres comme : M’aprann (ft Jeff Prosper) Livrezon, Lento (ft Durkheim), pour ne citer que ceux-là. Sa communauté de supporters est regroupée sous la dénomination Chinwa.
Dans son récent album titré TROIS, le rappeur a utilisé une chanson titrée Merci de Ansy et Yole Dérose. Pour des raisons ayant rapport aux droits d’auteurs, comme le précise Yole Dérose à travers une publication sur les réseaux sociaux, la chanson a été enlevée de l’album. Cette situation a provoqué un véritable tollé sur les réseaux sociaux, des utilisateurs qui se présentent comme des supporters de Wendy ont notamment eu des propos acerbes à l’endroit de la chanteuse. Ce que plusieurs artistes et animateurs ont dénoncé, considérant Yole Dérose comme une légende de la musique en Haïti.
Cette situation illustre parfaitement le fonctionnement des contenus viraux. Les explications sont simples, ces types de contenus génèrent des réactions et par conséquent de l’engagement. Que ces réactions soient correctes ou indécentes, aux yeux des algorithmes, ces contenus ont un caractère préférentiel. Ces types de publications ne sont donc pas bannies, au contraire, elles sont mises en avant car davantage de gens y passent leur temps à faire passer leur incompréhension, leur mécontentement ou leur appréciation. Et cela a pour effet de rendre ces contenus viraux.
À chaque opinion, ses conséquences
Les réseaux sociaux tentent de bannir les publications jugées indécentes et les fake-news. Mais l’indécence d’une publication n’est pas seulement dans les termes utilisés, mais aussi dans l’idée qu’elle propage. Ainsi, la polarisation des opinions est devenue une monnaie courante sur les réseaux car ceux qui s’y adonnent n’ont pratiquement aucune limite. Dans son livre “Sociologie des Opinion”, Claude Dargent souligne une tendance humaine à radicaliser les positions, ce qui n’est pas différent sur les réseaux sociaux.
La diffusion massive de fausses informations et la défiance envers les voix discordantes sapent la confiance du public dans les institutions et les médias traditionnels. Lors de la pandémie de la covid-19 entre 2020 et 2021, la désinformation autour de la maladie faisait rage sur les réseaux sociaux. L’Organisation Mondiale de la Santé en a même inventé un terme “l’Infodémie” pour parler des fausses informations ou des informations trompeuses. D’autres opinions orientées vers la violence verbale et la cyberintimidation ont des conséquences psychologiques graves.
Voir l’article sur Banj Media : Naviguer dans le labyrinthe des Réseaux Sociaux : l’impact sur la Santé Mentale des Jeunes
Les réseaux sociaux ont bouleversé l'expression des opinions, offrant une liberté inédite mais engendrant aussi des dérives. Les algorithmes favorisent les contenus extrêmes et enferment les utilisateurs dans des bulles de filtres, amplifiant la polarisation et la radicalisation. La désinformation et les discours haineux prolifèrent, causant violence et défiance. Pour rééquilibrer la liberté et la responsabilité, il est crucial de responsabiliser les plateformes, d'éduquer à l'esprit critique et d'adopter une utilisation réfléchie et éthique des réseaux sociaux. L'avenir de ces plateformes dépend de notre capacité à les utiliser de manière constructive et responsable.
Merck’n Sley Suprême Jean-Pierre