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Enfants et Écrans : Maximiser les avantages, minimiser les risques
Les écrans (tablettes, télévisions, téléphones, consoles de jeux…) font de plus en plus partie intégrante du quotidien des enfants. Cependant, ils peuvent constituer un atout tout comme un grand risque pour leur développement et leur bien-être. Pour cela, les parents doivent veiller à établir un équilibre favorable.
Avec la révolution numérique, les enfants sont de plus en plus exposés aux écrans. Tablette, téléphone, télévision, jeux vidéos… Ils y passent des heures. Cela fait, depuis quelque temps, partie de leur quotidien. Il ne fait aucun doute que cette tendance a ses avantages. Comme le précise l’académie des sciences dans son rapport de 2013 sur les enfants et les écrans : « L’évolution numérique a des effets positifs considérables en améliorant l’acquisition des connaissances et des savoir-faire, mais aussi en contribuant à la formation de la pensée et à l’insertion sociale des enfants et des adolescents ». Toutefois, comme dit l’adage, l’excès en tout nuit. Cela dit, surexposer les enfants aux écrans entraîne également beaucoup de risques.
Le paradoxe des écrans pour le développement des enfants
« Les premières années de vie sont décisives pour le développement cognitif, mais aussi dans la mise en place des habitudes de vie. Lorsqu’un enfant utilise un écran excessivement, il le fait au détriment d’autres activités ou interactions sociales essentielles pour son développement », affirme Jonathan Bernard dans une étude réalisée sous l’égide de l’Inserm et publiée dans la revue Journal of Child Psychology and Psychiatry. Les parents laissent leurs enfants passer effectivement beaucoup d’heures sur les écrans. Ils n’y voient que du feu. Les dessins animés à la télévision, les jeux éducatifs sur les tablettes, les contenus pour enfants sur YouTube, les jeux vidéos… Ils constituent tous de nouveaux moyens d’apprentissage et de distraction pour les enfants. D’ailleurs, ils semblent même remplacer des jouets et autres outils traditionnels. Beaucoup estiment que ces gadgets électroniques suscitent l’éveil de leurs enfants et le développement de leurs capacités cognitives. Ce qui n’est pas faux. Toutefois, il y a un paradoxe.
Les effets néfastes des écrans sur les enfants
Les effets peuvent tout aussi être contraires. En effet, les écrans, du moins quand on y est surexposé, peuvent affecter le développement sensoriel et cognitif ainsi que le développement social et affectif, surtout chez les plus jeunes. L’on parle, majoritairement, de troubles de la mémoire, du sommeil ou de l’attention. Le Public Health England (Ministère de la Santé britannique), notamment, a réalisé une enquête mettant l’accent sur les effets néfastes sur le bien-être des enfants. Les résultats dévoilent que les enfants qui passent trop de temps devant les écrans (télévision, ordinateur, console ou téléphone portable) seraient moins heureux, plus anxieux et plus déprimés que les autres. Au-delà de 4 heures par jour, il y a de fortes chances que ces enfants manifestent des problèmes émotionnels et une mauvaise estime de soi. Par ailleurs, d’après l’article « L’écran est-il bon ou mauvais pour le jeune enfant ? » publié sur Cairn Info, « les effets préjudiciables de la télévision sur le développement concernent principalement le développement langagier, les capacités attentionnelles ainsi que les interactions parents-enfants ».
Cependant, les auteurs reconnaissent deux mécanismes au moins à travers lesquels l’écran peut avoir des effets délétères sur le développement. « Le premier mécanisme est lié aux caractéristiques formelles du contenu télévisuel, à savoir les lumières intermittentes, la vitesse de l’action qui peut être hyper stimulante. Ces caractéristiques peuvent être perturbatrices pour les jeux et les interactions langagières lors d’un visionnage en arrière-plan ». Parlant de contenus, il est certain que ceux proposés aux écrans revêtent une importance capitale. D’ailleurs, l’enfant exposé aux contenus violents, sexuels et/ou pornographiques peut développer des comportements défavorables. En outre, « le second mécanisme s’opère par le fait que le temps de visionnage remplace des activités plus importantes et plus appropriées aux apprentissages ».
La prévalence du mode d’utilisation sur le temps
En fait, plusieurs études avancent que le danger que peuvent représenter les écrans pour les enfants dépend du mode d’utilisation. L’étude de l’Inserm (Institut national français de la santé et de la recherche médicale), particulièrement, relativise les problèmes liés à l’usage d’écrans en lui-même. En effet, les auteurs soulignent que « le contexte dans lequel sont utilisés les écrans et non seulement le temps d’écran [qui] joue sur le développement cognitif des enfants ». En ce sens, le moment et la manière dont les enfants utilisent l’écran prévalent sur la présence d’écrans. Il s’agit, entre autres, des comportements tels l’augmentation de la prise alimentaire et le sommeil écourté et de moins bonne qualité. De plus, pendant les repas, « la télévision, en captant l’attention des membres de la famille, interfère avec la qualité et la quantité des interactions entre les parents et l’enfant » avance l’épidémiologiste Shuai Yang, principal auteur de l’étude de l’Inserm, dans un communiqué. Or, « celle-ci est cruciale à cet âge pour l’acquisition du langage ».
Certes, « aux âges de 3,5 et 5,5 ans, le temps d’exposition aux écrans était associé à de moins bons scores de développement cognitif global, en particulier dans les domaines de la motricité fine, du langage et de l’autonomie », précise l’Inserm. Cependant, « lorsque les facteurs relatifs au mode de vie et susceptibles d’influencer le développement cognitif étaient pris en compte (…), la relation négative se réduisait et devenait de faible magnitude ». Par conséquent, il revient au parent de veiller à équilibrer l’utilisation des écrans des enfants. Pour ceux de la petite enfance, il conviendrait de limiter leur temps d’exposition le plus possible.
En somme, fuir l’écran n’est pas la solution. Toutefois, comme le souligne Grégoire Borst, chercheur en psychologie et neuroscientifique : « Nous allons vivre dans un monde où le numérique va être présent. Donc, tout l’enjeu aujourd’hui, c’est de penser une éducation au numérique, aux écrans. Avoir peut-être une position qui soit moins simpliste. Ce n’est pas non pas d’écran ou oui tous les écrans que vous voulez. C’est réellement d’essayer d’expliquer à l’enfant quels sont les effets de l’utilisation des écrans sur son cerveau et sur son développement.
Leila JOSEPH