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Haïti : 14 ans après le séisme, les constructions anarchiques continuent
14 ans après le séisme dévastateur du 12 janvier 2010, les constructions anarchiques continuent de proliférer en Haïti. Cette situation, qui s'aggrave depuis quelques années, est due à plusieurs facteurs, dont l'insécurité qui oblige les gens à quitter leur domicile pour se réfugier dans des endroits plus sûrs.
Difficile de remonter les histoires du séisme du 12 janvier 2010, sans citer les dommages terribles que les constructions anarchiques ont causé. Ce tremblement de terre a aussi forcé beaucoup de gens à se déplacer. 14 ans plus tard, c'est l'insécurité qui oblige les gens à fuir leur demeure. Dans les communes de Delmas et Tabarre, situées dans la banlieue de Port-au-Prince, les propriétaires sont obligés de construire de nouvelles chambres pour accueillir les membres de leur famille, ou d'autres citoyens qui fuient les zones à risques. Ces constructions, qui sont souvent réalisées sans respect des normes de sécurité, constituent une menace pour la sécurité des habitants.
Cette catastrophe naturelle sans précédent a encore des conséquences graves sur le pays. Les chiffres avancés par les Nations Unies font état de plus de 280.000 morts, 300.000 blessés et 1,3 million de sans-abris. Le séisme, d’une magnitude de 7,3 sur l’échelle de Richter, est survenu le 12 janvier 2010 à 16h53, heure locale. Son épicentre était situé approximativement à 25 km de Port-au-Prince, la capitale du pays qui a été littéralement détruite au bout d’une vingtaine de secondes.
A défaut de voir refonder les bases des différentes couches profondément atteintes par ce drame, la situation du pays s'est détériorée à cause de l'insécurité généralisée qui bat son plein sur le territoire national. Le Réseau National de Défense de Droits Humains (RNDDH), le Collectif d’Avocat.e.s Spécialisé.e.s en Litige Stratégique de Droits Humains (CALSDH) et Avocats sans frontières Canada (ASFC) ont publié au début du mois d’octobre 2023, un rapport sur la situation des personnes déplacées en Haïti. Selon ce rapport, plus de 100 000 personnes ont été déplacées à cause de l'insécurité au cours des dernières années.
Parmi elles, beaucoup ont trouvé refuge dans des zones à risques, notamment des collines et des ravins. Ces zones sont particulièrement vulnérables aux tremblements de terre et aux inondations. En cas de catastrophe naturelle, les personnes qui y vivent risquent d'être gravement blessées ou de perdre la vie selon l’Office Nationale de la Protection Civile qui tente de les mettre en garde.
L’Etat haitien à travers le Ministère des Travaux Publics, Transports et Communication (MTPTC) a rédigé un Guide de renforcement parasismique et paracyclonique des bâtiments à l'intention des ingénieurs, techniciens, ainsi qu’aux petits et moyens entrepreneurs locaux qui sont directement impliqués par le secteur de la construction en Haïti. Mais si ce guide existe, l’application des mesures exposées et la supervision par l’État haïtien font défaut. Hugues Jean-Pierre est un ingénieur qui a eu la chance de travailler sur divers chantiers dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, il a expliqué à Banj Media que les habitudes de construction n’ont pas changé même après le séisme.
« De nos jours, à cause de beaucoup de personnes qui laissent leur quartier pour se réfugier ici à Delmas, le désordre dans les constructions est devenu flagrant. C’est la migraine. Moi en tant qu'Ingénieur je ne suis même plus contacté. Il est un peu difficile pour moi de prouver aux clients qu’il est dans leur intérêt d’adopter les bonnes méthodes. Ils veulent à tout prix construire vite, n'importe où, afin de bénéficier de la vague de demande de chambre à louer tous les jours », s’est-il plaint.
Les autorités haïtiennes n'ont pas cessé de promettre de prendre des mesures pour lutter contre les constructions anarchiques. Cependant, ces mesures n'ont pas encore été mises en œuvre de manière efficace. D'un point de vue sécuritaire, les constructions anarchiques constituent un risque majeur en cas de catastrophe naturelle. En effet, ces constructions sont souvent fragiles et ne résistent pas aux tremblements de terre ou aux inondations. D'un point de vue économique, les constructions anarchiques entravent le développement du pays. En effet, elles contribuent à la dégradation de l'environnement et à la pollution.
Si l’urgence aujourd’hui est la situation sécuritaire à résoudre, avec les activités des groupes armés qui n’ont pas chômé, les modes de constructions doivent être également adressées car elles représentent aussi une grande menace pour la population quand elles se font dans l’anarchie. Les géologues ne cessent de rappeler que le pays est encore sous la menace d’un autre tremblement de terre.
Merck’n Sley Suprême Jean-Pierre