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La circulation à contresens: une nouvelle norme qui fait tort dans les rues de Port-au-Prince
La question de la sécurité routière se révèle d'une importance considérable au niveau mondial. Le code routier est l'un des moyens qui permettent d'y accéder. En Haïti pourtant, les infractions commises à l'égard de ce dernier sont nombreuses, rouler en état d'ébriété, circuler sans permis de conduire et tant d'autres, mais cette fois, une fixation est faite sur la circulation à contresens puisqu'elle constitue elle aussi une infraction grave.
Le Code de la route est un corpus juridique qui englobe et incorpore toutes les lois et les règlements ( règles administratives, règles de conduite…) régissant la circulation sur la voie publique par les usagers, dont l'application des dispositions s'avère être obligatoire. L'ensemble de ces lois réglemente la circulation sur la voie publique, le long des routes, des autoroutes et des trottoirs.
La fonction principale du Code de la route est, avant tout, de lutter contre l’insécurité routière en assurant la sécurité des usagers des voies publiques (conducteurs et piétons), de réduire au maximum le nombre d’accidents au niveau des routes.
Insécurité routière et accidents
L'insécurité routière est à l'origine des milliers d'accidents de la route dans lesquels des centaines de personnes laissent leurs vies chaque année. L'absence des panneaux de signalisation, le mauvais état des routes sont pourtant considérés comme des facteurs de risques. Additionné à tout cela, il faut ajouter le fait que le code routier haïtien est assez laxiste et n'est pratiquement pas respecté par les usagers des voies publiques.
Excès de vitesse, taux d'alcoolémie élevé, ce sont quelques exemples d'infractions parmi tant d'autres souvent causées à l'encontre du code routier haitien. À ces infractions considérées comme courantes, une autre peut y être ajoutée: rouler à contre-sens.
Que veut dire rouler à contresens ?
La circulation à contresens désigne le fait de circuler sur une voie publique (route) dans le sens contraire de celui qui est imposé par la loi aux véhicules ordinaires. À noter qu'une marche arrière dans une route à sens unique est également considérée comme une circulation à contresens.
En Belgique, les conducteurs qui circulent à contresens sont qualifiés de "conducteurs fantômes" par rapport au fait que leur apparition sur la route soit surprenante et effrayante.
La circulation à contresens sur une voie amène à rencontrer des véhicules roulant dans le sens autorisé de la circulation, c'est-à -dire à se retrouver face-à-face avec ces derniers. Ce qui risque de causer une collision frontale ou latérale avec l'un d'entre eux. Ces collisions sont souvent mortelles. En France par exemple, la circulation à contresens représente 1% des accidents chaque année. A préciser que 4% de ces accidents sont mortels, soit 50 personnes environ tuées.
Dans les pays mieux structurés, lorsqu'un conducteur commet une infraction de la sorte à l'égard du code routier, il est sujet à des sanctions.
Conduite à contresens en Haïti
En Haïti, ce phénomène est de plus en plus récurrent. Des véhicules circulent librement à contresens sur les autoroutes, les voies à sens unique sans que les conducteurs n'aient de soucis à se faire.
Les motards sont ceux qui violent le plus fréquemment le règlement interdisant de rouler à contresens sur les voies publiques. Ils circulent librement et parfois sous le regard des agents de la police routière dont le rôle principal est d'assurer le respect et l'application des principes de circulation.
Aux motards s'ajoutent les voitures officielles. Ces fonctionnaires ayant à leurs dispositions des voitures de l'Etat, se permettent d'enfreindre tout un tas de règles. À juste titre, l'histoire retient l'affaire opposant le Directeur Central de la Police Administrative, Jean Saint-Fleur, au député de Baradères représentant OPL, Michelet Casimir. C'est le 2 janvier 2007 que l'incident ayant conduit à cette affaire s'est déroulé.
Le député Casimir empruntant paisiblement à contre sens sur une voie à sens unique s'est vu interrompu dans sa course par le directeur de la DCPA. Cette infraction causée par le député s'est suivie d'une forte altercation entre les deux parties conduisant à des coups blessures. Soutenu par la chambre des députés, Michelet Casimir amena l'affaire par devant les tribunaux, et elle s'est vite transformée en une affaire opposant le parlement à la Police Nationale.
17 ans plus tard, la situation n'a pas changée. Les hauts fonctionnaires de l'Etat circulent sur les voies publiques comme bon leur semble. C'est comme pour dire qu'enfreindre les règlements routiers est un fait normal.
Cette pratique est fortement dangereuse puisqu'elle expose bon nombre d'usagers de la route à des risques. La sécurité routière n'étant préalablement pas assurée par les autorités, est de plus en plus affectée par rapport au fait que les conducteurs n'appliquent pas les principes du code routier haïtien. Kattia, une jeune fille qui emprunte fréquemment les rues de la capitale à pied pour vaquer à ses occupations, raconte ne jamais se sentir en sécurité sur la voie publique. "Il n'est pas aisé de circuler dans la zone métropolitaine et ses environs. J'ai compris que je devais faire très attention en marchant depuis que j'ai assisté sur l'autoroute de Delmas, à une scène assez stupéfiante. Une lignée de véhicules accompagnant un dignitaire frayait leurs chemins à contresens sur la voie destinée à s'orienter vers le bas de Delmas. Je suis restée sans voix. Mais cela m'a appris une chose: je dois toujours regarder des deux côtés de la route lorsque je traverse les rues, et ce, même s'il s'agit d'une route à sens unique", avance-t-elle.
Là, il est question des conducteurs qui enfreignent les lois routières. Mais et l'Etat dans tout ça ? Remplit-il correctement sa mission en ce qui a rapport à la sécurité routière ? Des panneaux de signalisation servant à communiquer des informations aux usagers de la route devraient être implantées à chaque rentrée de rue à sens unique. Est-ce le cas ? Il est vrai que les méthodes de conduite des conducteurs sont remises en cause mais la négligence ou la défaillance de la Direction Centrale de la Police Routière (DCPR) doit aussi être soulevée. Il est donc urgentissime que les instances concernées de l'Etat prennent les mesures adéquates pour garantir la sécurité routière des usagers de la route, et surtout veiller à l'application des principes réglementant la circulation routière.
Bernard Cayo
Sources
https://www.alterpresse.org/spip.php?article5689
https://www.juno7.ht/et-si-le-code-de-la-route-sappliquait-aux-motards/
https://www.ornikar.com/code/cours/panneaux/indication/panneau-sens-unique
https://lenational.org/post_article.php?pol=47
https://www.placedudroit.com/gazette-droit/sens-interdit-amende/
https://www.alterpresse.org/spip.php?article5603
https://www.avocalia.fr/guide/code-de-la-route
https://www.justifit.fr/b/guides/droit-routier/code-de-la-route/
https://www.police.be/5998/fr/actualites/securite-les-conducteurs-fantomes
https://www.franck-cohen-avocat.fr/blog/risques-et-sanctions-de-circulation-contresens.html