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L'émergence des étudiants commerçants face à l'absence des jobs étudiants
Les étudiant.e.s de l'université d'État d'Haïti(UEH) font face à d'importantes difficultés d'ordre économique ajoutées au fait qu'ils.elles étudient dans un contexte assez difficile. Par rapport à cette situation certain.e.s se trouvent dans l'obligation d'exercer une activité parallèlement aux études ce qui leur permet de répondre à leurs besoins fondamentaux ainsi qu'à ceux relevant de l'étude qu'ils.elles entreprennent.
Faire des études universitaires en Haïti relève d’un grand défi pour les jeunes haitien.ne.s surtout pour ceux et celles qui fréquentent l'Université d’Etat d'Haïti (UEH). Toute étude universitaire engendre des obligations, des besoins auxquels les étudiant.e.s doivent répondre. Parmi ces nécessités nous comptons la question de la nourriture, des frais de transports, de copie, d’achat de matériels didactiques entre autres. Toutefois, les ressources pour satisfaire leurs besoins combien importants ne sont pas d’une accessibilité évidente.
Dans un interview accordé à Banj média, plusieurs étudiants haïtiens à l'étranger révèlent qu'il est mis à leur disposition des "jobs étudiants"; ceux-ci leur permettent de subvenir à leurs besoins, répondre aux exigences académiques et d'acquérir une certaine autonomie financière.
Dans un document officiel de Campus France, les autorités françaises définissent le travail étudiant comme une activité rémunérée exercée par une personne poursuivant des études supérieures. Cela permet aux étudiants de travailler à temps partiel afin de pouvoir étudier en parallèle.
Mais en Haïti, de tels avantages ne s'offrent pas aux étudiant.e.s. Ces dernier.ère.s sont, pour subvenir à leurs besoins élémentaires, dans l'obligation de recourir à d'autres activités pouvant leur permettre d'avoir une rentrée. C'est le cas pour plusieurs étudiant.e.s de l'Université d'État d'Haïti qui ont intégré le monde du commerce afin de pouvoir pallier de nombreux soucis financiers.
Daphkar Mondésir, étudiante en sciences économiques à la Faculté de Droit et des Sciences Économiques de Port-au-Prince (FDSE) nous explique que par rapport à des difficultés économiques, elle était obligée de s'adonner au commerce. "Aucune structure n'est mise en place pour permettre aux étudiants d'avoir un accompagnement, ni même d'avoir un travail à temps partiel ce qui pourrait les aider à continuer leurs études", se plaint-elle. L'absence de travail étudiant fait que les jeunes s'adonnent à d'autres activités, notamment le commerce, qui peut s'avérer être très difficile à gérer en même temps que les études.
"Réussir un commerce tout en étant étudiant.e, requiert beaucoup de sacrifices et de compromis", affirme Daphkar. Cette étudiante en sciences économiques nous raconte les péripéties auxquelles elle fait face afin de pouvoir concilier ses études et l'activité économique qu'elle exerce. Daphkar explique qu'elle est obligée de sécher des cours assez souvent, dans le but de pouvoir livrer des marchandises à ses clients, sans quoi elle perdrait l'avantage que ces ventes lui apporteraient. "Quelques fois, si je ne m'absente pas des cours pour livrer des colis à des clients, je ne pourrai pas me procurer les documents pour mes cours, si je ne le fais pas je ne pourrai pas manger." Explique l'étudiante.
Daphkar n'est pas la seule à prioriser certaines fois le commerce sur l'étude. C'est aussi le cas de Dayana, étudiante à la Faculté des Sciences Humaines (FASCH), qui elle-même a dû faire pencher la balance du côté du commerce quelques fois. Les sacrifices que font les étudiant.e.s commerçant.e.s se font au frais des études. Ces deux jeunes confient que leurs activités économiques ont quelque fois des impacts sur leur rendement académique: des notes qui chutent, des retards accumulés quant aux cours, qu'à la remise des travaux académiques.
Les étudiant.e.s commerçant.e.s ont donc du mal à concilier étude et commerce mais y sont obligé.e.s compte tenu de la situation économique précaire auxquelles ils.elles font face. Daphkar Mondésir pense que combiner étude et commerce dans les conditions que les étudiant.e.s le font, n'est pas une bonne chose, mais tient à préciser que c'est la seule solution qu'ils.elles ont pour avoir un revenu.
"Se nou ki PDG, se nou ki sekretè, se nou ki livrè met sou li. An gwo, nou se tout pou ti biznis la pandan nou dwe etidye an menm tan" C'est ainsi que Daphkar dresse une image des responsabilités qui incombent aux étudiant.e.s qui font du commerce. “Ce n'est pas une tâche facile de lier commerce et étude, mais puisqu'en tant qu'étudiante je n'ai pas une grande marge de manœuvre, je suis obligée de me contenter de ce que j'ai et d'avancer. Seul un travail étudiant me permettrait de mieux répondre à mes soucis économiques, mais il n'y en n'a pas, on fait donc avec ce qu'on a." Sur cette note, l'étudiante en sciences économiques conclu, pour montrer qu'elle est prête à faire durer ce mariage entre ses études et son commerce qui lui permet d'éponger certains besoins d'ordre économique tant qu'il n'y aura pas d'accompagnement social et de "job étudiant" pour les étudiant.e.s comme elle.
D'après Jonathan, étudiant en sociologie à la Faculté des Sciences Humaines ( FASCH), un étudiant qui mène une activité commerciale pendant son étude est plus à risque de décrochage scolaire.
Bernard Cayo