Les enseignants face à la crise sociopolitique en Haïti

Les enseignants face à la crise sociopolitique en Haïti

‍Depuis près d'une décennie, Haïti est en proie à des crises socio-politiques incessantes, et aujourd'hui, la situation s'aggrave. Cette instabilité touche de nombreux secteurs, dont celui de l'enseignement. Les enseignants, acteurs essentiels de ce secteur, sont particulièrement affectés par cette grave problématique.

En raison de l'insécurité croissante, de nombreux enseignants se voient contraints de mettre entre parenthèses leur vocation qui est d'apporter une contribution positive au développement de la jeunesse haïtienne. Cette situation compromet non seulement leur propre bien-être, mais également celui de leurs élèves. En effet, les retards accumulés dans l'enseignement perturbent le déroulement normal des programmes scolaires, impactant ainsi les performances des élèves et compromettant leurs chances d'accéder à l'enseignement supérieur.

Cette crise, qui perdure depuis près d'une décennie, engendre des répercussions dévastatrices qui se font sentir à tous les niveaux de la société. Les enseignants, en tant que gardiens du savoir et de l'avenir de la jeunesse haïtienne, sont confrontés à des défis sans précédent qui compromettent leur capacité à exercer leur métier dans des conditions optimales. Ces témoignages révélateurs mettent en lumière les difficultés quotidiennes auxquelles sont confrontés ces hommes et ces femmes dévoués, mais également leur résilience et leur détermination à surmonter les obstacles pour le bien-être de leurs élèves et de leur pays.

Marc, enseignant dans une école privée de la capitale, partage son expérience avec consternation: “Cette situation est véritablement décourageante. Dans l'une des écoles où je travaille, depuis des années, cette crise est exploitée comme prétexte pour ne pas rémunérer les enseignants. En tant qu'enseignant, ce sont  les heures de travail fournies qui sont prises en compte par cet établissement. Malheureusement, avec l'avènement des cours en ligne, toutes les salles de classe du même niveau se regroupent virtuellement, ce qui dilue nos efforts et réduit notre rémunération, déjà modeste”.

Jeanne, professeure à l'un des lycées de la capitale, partage son sentiment avec tristesse : “c'est vraiment triste de voir comment l'avenir du peuple est en péril. Les lycées sont les seuls établissements à pouvoir accueillir les personnes de faibles moyens, cependant ici à Port-au-Prince, ils arrivent à peine à s'ouvrir. Et tout ce retard va retomber d'abord sur les élèves, les parents et bientôt sur l'avenir du pays”.

Maurice exprime son inquiétude : “je suis vraiment inquiet de la situation. Je crains pour l'avenir de ces élèves. J'ai bien peur qu'ils ne commencent à douter de l'espoir que peut leur apporter l'éducation et qu'ils ne cherchent des modèles parmi les destructeurs, au lieu de s'accrocher à des valeurs positives”.

Les témoignages des enseignants soulignent de manière significative un manque de reconnaissance et de soutien de la part des autorités éducatives. Il apparaît évident que des mesures urgentes doivent être envisagées pour garantir la sécurité et la stabilité sur l'ensemble du territoire haïtien, avec une attention particulière portée à la capitale, Port-au-Prince.

En tant qu'acteurs essentiels du secteur de l'éducation et piliers actifs de la société, les enseignants soulignent la nécessité pour les autorités de prendre leurs responsabilités et de fournir un soutien adéquat pour favoriser la transformation positive des générations futures. Il est crucial que les autorités haïtiennes, qu'elles soient du secteur public ou privé,  reconnaissent le rôle vital des enseignants dans la construction d'un avenir meilleur pour le pays et leur accordent le soutien nécessaire pour relever les défis actuels.

Shesly PYTHON 

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