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Les jeunes enseignants en Haïti face à la discrimination basée sur l'âge
L'âge est souvent un facteur déterminant dans de nombreuses sphères de la vie, et il peut malheureusement être une source de discrimination. En Haïti, de jeunes adultes âgés entre 21 et 27 ans qui choisissent de se lancer dans la carrière d'enseignant (e) sont confrontés à diverses formes de préjugés, souvent basées sur leur jeunesse et leur apparence juvénile.
Ces jeunes professionnels, fraîchement diplômés d'universités haïtiennes, apportent avec eux des compétences fraîchement acquises, les préparant à exceller dans leur domaine. Cependant, leur apparence physique, parfois juvénile, et leur jeune âge suscitent des doutes chez certains membres de la société. Même s'ils possèdent les compétences nécessaires pour réussir dans leur profession, ils sont souvent confrontés à des commentaires, des remarques, et même des critiques, parfois déguisées en compliments, au quotidien.
Des préjugés basés sur l'âge et l'apparence juvénile
Marie partage son expérience : “des collègues me disent souvent que je ne suis qu'un enfant, et que je n'ai pas besoin d'argent. Ils critiquent également mes choix vestimentaires, affirmant que s'habiller de façon moderne serait inapproprié pour un enseignant, même si mes tenues sont décentes”.
Tara aussi partage son expérience : “ je travaillais à la fois en niveau fondamental et secondaire. Un jour, lors d'une réunion avec des membres de la direction et d'autres enseignants, le directeur général a déclaré devant tout le monde que je devais désormais me concentrer uniquement sur le niveau fondamental, arguant que c'était là que je serais le plus à l'aise avec les enfants les plus jeunes. De plus, je dois quotidiennement supporter des remarques qui me mettent mal à l'aise, telles que "tu ressembles à un enfant” ou "en te voyant arriver, j'ai cru que c'était l'une des élèves ".
Jacques, lui-même confie au journal : “ dans mes premières expériences d'enseignement, la direction doutait de ma capacité, même avec mon dossier en main. Mon apparence juvénile leur faisait douter de la véracité de mes qualifications, alors même que j'avais jonglé entre deux programmes d'études dans deux facultés différentes de l'Université d'État d'Haïti, les terminant tous deux la même année “. Plus loin, il précise : " Ils remettaient en question mes valeurs, affirmant que les jeunes de mon âge agissent généralement de manière irresponsable, tandis que moi, j'avais eu le courage de poursuivre deux études simultanées. Ils continuent à me répéter que je suis trop jeune pour être enseignant, voire même pour occuper un emploi, sous prétexte que je n'ai aucune responsabilité à mon âge ”. En dépit de tous doutes, il a pu avoir beaucoup de personnes qui le félicitent et l’encouragent à progresser en tant que jeune professionnel.
Mario, de son côté, raconte au journal : “les membres de la direction doutent généralement de mon leadership en classe. Ils me posent des questions sur la façon dont je gère la situation, en pointant du doigt mon jeune âge et mon apparence juvénile. Cette attitude a commencé à semer le doute en moi quant à ma propre capacité. Cependant, j'ai pu surmonter ces doutes grâce au soutien d'autres professeurs qui ont été aussi mes professeurs par le passé”.
Malgré les préjugés basés sur leur âge, ces jeunes enseignants affirment être fiers de contribuer à l'éducation des jeunes, et plus particulièrement d'investir leur courage pour un meilleur avenir du pays. Ils déclarent qu'ils vont continuer à travailler pour s'améliorer et prouver que leur âge n'est pas un obstacle pour acquérir des compétences et développer un leadership, ainsi que pour avoir un impact positif sur leur société.
Shesly PYTHON