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Quand les reins faiblissent : la quête de solution en Haïti
L'insuffisance rénale chronique est une maladie qui affecte une bonne partie de la population mondiale. En Haïti, beaucoup de personnes en souffrent et le seul moyen de traitement auquel les patients ont recours est l'hémodialyse qui pour sa part présente de sérieux problèmes, quant à l'efficacité. Il est question de voir si une autre méthode de traitement ne serait pas porteuse de meilleurs résultats.
Selon l'OMS, une(1) personne sur dix (10) est touchée par une affection rénale, soit 600 millions de personnes de la population mondiale. La maladie rénale chronique provoque au moins 2,4 millions de décès par an. Les derniers chiffres prévoient une augmentation de près de 20% des maladies rénales durant la prochaine décennie.
Par ailleurs, en Haïti, il n'y a aucune statistique jusqu'à l'heure donnant une idée de la proportion de compatriotes qui en sont touchés alors qu'un nombre incalculable de personnes souffrent d'insuffisance rénale et d'autres d'insuffisance rénale chronique.
Cette maladie chronique se caractérise par l'inefficacité des reins à filtrer les déchets de l'organisme, provoquant ainsi chez le patient des problèmes de fatigue, des crampes musculaires, des gonflements au niveau des pieds, sans oublier qu'elle tend à augmenter chez le patient la vulnérabilité aux maladies infectieuses. Face à ce problème, trois (3) solutions sont envisageables pour soulager ou encore guérir les patients : l'hémodialyse couramment appelée dialyse en Haïti, qui est une technique qui remplace le travail d'épuration du rein par un appareil dénommé dialyseur; la dialyse péritonéale qui est un type de dialyse utilisé pour les personnes souffrant d'insuffisance rénale terminale et finalement, la transplantation rénale encore appelée greffe qui elle, désigne une intervention chirurgicale qui vise à remplacer un rein malade par un autre rein.
Le traitement de l'insuffisance rénale chez nous semble être un fardeau pour les patients qui en souffrent puisque les difficultés rencontrées s'avèrent être nombreuses. Certains patients sont dans l'obligation de faire une dialyse, unique recours qu'ils ont, chaque semaine, et d'autres deux à trois fois par semaine. En 2020, selon Le Nouvelliste, le coût d'une dialyse à l'HUEH, avoisinait les 501 000 gourdes par année. 4 ans plus tard, nous nous retrouvons face à une somme beaucoup plus onéreuse qui dépasse largement le salaire moyen d'un haïtien. Si pour l'Hôpital de l'Université d'Etat d'Haïti le coût est tel, pour les hôpitaux privés, il est beaucoup plus significatif. D'après certains témoignages recueillis, cela a fini par appauvrir certaines familles au bout d'un moment.
Par rapport au prix exorbitant de la dialyse, compte tenu de certains patients qui n'arrivent plus à se payer le traitement, sachant que la dialyse ne guérit pas l'insuffisance rénale chronique, on peut se demander si l'on ne pourrait pas recourir à une autre forme de traitement plus efficace qui apporterait une solution à long terme.
C'est en ce sens que Dr Redreen JEAN, médecin interniste à l'Hôpital de l'université d'Etat d'Haïti (HUEH), partage son avis sur le sujet. Selon lui, la dialyse n'étant qu' « un palliatif, la transplantation serait la meilleure option pour apporter une réponse durable au problème d'insuffisance rénale dont souffrent bon nombre d'haïtiens. » Il soulève le fait que la dialyse crée un désavantage économique et social puisque celle-ci à une influence sur le quotidien de la personne souffrante, tout en précisant que ce traitement nécessite un très bon counseling car la personne peut devenir dépressive.
On peut donc comprendre que la dialyse en plus d'être un traitement, est porteuse de nombreuses calamités pour les familles haïtiennes.
"Il revient de la responsabilité de l'Etat d'intégrer dans notre système de santé, cette autre forme de traitement qu'est la greffe rénale" dit-il plus loin. Cependant, il tient également à mentionner qu'exercer la transplantation chez nous renverrait automatiquement à la pratique de don d'organes, chose pour laquelle nous ne sommes pas encore prêts selon lui car l'éducation de notre population n'est pas faite sur ce point.
Pour corroborer ses dires, il prend par exemple le fait qu'une certaine réticence est constatée chez les gens en ce qui concerne le don de sang. Si les gens ne sont pas enthousiastes à faire don de leur sang, qu'en sera-t-il pour des dons d'organes ? Toutefois il précise que pour se faire, il faudrait instaurer toute une campagne de sensibilisation afin d'en promouvoir l'importance.
Tour faite de la question, ne serait-il pas justifié de dire que la pratique de la transplantation rénale est la meilleure solution à adopter? Voyant les irrégularités qui existent dans l'unité de dialyse de l'UEH, ainsi que l'État de notre système de santé, les patients consentent-ils à subir de telles opérations en Haïti ?
Bernard Cayo