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Quand les réseaux sociaux deviennent un terrain propice à la cyberpédophilie
Les pédophiles sont partout, y compris sur les réseaux sociaux. Malheureusement, les enfants sont de plus en plus exposés sur ces plateformes, car ils y ont accès très tôt et leurs images y sont souvent postées. Pourtant, plusieurs études dévoilent que l’exposition des enfants sur les réseaux sociaux profite souvent à ces cyberprédateurs et cyberpédophiles.
Les pédophiles sont partout, même sur Internet et les réseaux sociaux. Selon Cécile Saes, dans l’article « Pédophilie, sexualité et société », « le mot pédophile, issu du grec (pais, enfant, et phileo, aimer), signifie qui aime les enfants et désigne plus précisément l’individu qui éprouve et met en acte une attraction sexuelle pour les enfants, quel que soit son sexe ». Il souligne aussi que l'Organisation Mondiale de la Santé considère la pédophilie comme un trouble de la préférence sexuelle. Le hic c’est que « les pédophiles sont difficiles à démasquer. La plupart du temps, leur comportement est dissimulé sous une normalité trompeuse ». En effet, ces derniers peuvent être des proches parents, des voisins, des professeurs, des amis ou encore des inconnus. Saes avance que la majorité des pédophiles sont des hommes. Et, si ces derniers sont aussi omniprésents dans la vie courante, les réseaux sociaux ne sont pas épargnés.
Les réseaux sociaux, vitrine des pédophiles
Les réseaux sociaux servent de vitrine aux pédophiles. « Le prédateur sexuel n’est plus dans le parc. Il est désormais dans l’écran du cellulaire de votre enfant » avancent les journalistes Caroline Touzin et Gabrielle Duchaine dans une enquête publiée en 2020 par la Presse : « L’autre épidémie : Le prédateur est dans l’écran ». D’un côté, les parents sont nombreux à eux-mêmes exposer les images de leurs enfants. D’un autre côté, les mineurs ont accès très tôt aux smartphones et aux réseaux sociaux, quoique ces derniers soient interdits à une certaine tranche d’âge. Dans les deux cas, les risques sont nombreux. Si les images des enfants peuvent susciter des commentaires inappropriés ou à caractère sexuel, elles peuvent aussi être réutilisées à des fins malveillantes. En fait, la pédophilie en ligne est un crime qui met en jeu la sécurité et le bien-être des mineurs en ligne. Elle concerne tout acte orienté par et axé sur l'exploitation et l'abus sexuel des enfants dans le cyberespace, c'est-à-dire sur les technologies de l'information et de la communication. Elle renvoie donc aux échanges, à la diffusion, au visionnage et à la production de matériels pédopornographiques sur internet ou encore à la recherche potentielle de mineurs à abuser sexuellement.
La journaliste de Brut Media, Elisa Jadot, a enquêté sur les dangers de l’exposition des enfants sur Internet pour le documentaire « Enfants sous influence ». Dans une vidéo exposant son travail, elle attire l’attention sur la gravité du phénomène. « Un enfant de 13 ans à environ 1300 photos et vidéos de lui sur les réseaux sociaux postées par ses proches » souligne-t-elle. Cependant, elle prévient que toute photo publiée, « quelle qu’elle soit, peut se retrouver sur un site pédophile ». En d’autres termes, les pédophiles ne sont pas seulement attirés par des images où les enfants sont dénudés. Il peut s’agir d’une image inoffensive et innocente qu’ils trouvent juste mignonne. De ce fait, les sites pédophiles et/ou pédopornographiques sont des points de rencontre de prédateurs sexuels sur lesquels, au minimum, la moitié des photos qui s'échangent proviennent des réseaux sociaux et ont été publiées par les parents. Et, l’un des enjeux soulevés dans l’enquête c’est la question du consentement qui n’est pas souvent prise en compte par les parents. Les enfants sont trop jeunes pour dire s’ils sont d’accord ou pas. Toutefois, les parents ont le devoir de protéger leurs images et de veiller à ce qu'elles restent vierges au moins jusqu'à leurs 18 ans.
Les risques en question
Malheureusement, beaucoup ignorent ou minimisent le fait que le mineur s’expose doublement à la pornographie. D’une part, en tant que spectateur et d’autre part, en tant qu’objet sexuel. En effet, les enfants sont très souvent l’objet de convoitise sexuelle. Et, ce phénomène peut prendre diverses formes. Et, il ne s’agit pas que des commentaires de prédateurs/pédophiles sous les publications. Outre la pornographie juvénile, « on parle aussi de séduction malintentionnée des enfants, de pédopiégeage ou la manipulation psychologique des enfants, lorsqu’un adulte astucieux prend contact avec un enfant ou mineur afin de lier des rapports émotionnels avec lui dans un but de le soumettre à des abus sexuels ou à son exploitation sexuelle. On parle des cyberprédateurs ». C’est ce qu’avancent Imane Majdoub et Khalid Atmani dans « L’enquête sous pseudonyme dans le contexte de la cyberpédophilie » publiée sur HAL Science en 2023.
Par ailleurs, d’après un rapport de l’université de Stanford et du Wall Street Journal, Meta est la principale plateforme utilisée par les réseaux pédophiles, notamment pour promouvoir et vendre des contenus montrant des abus sexuels sur des mineurs. A cause des algorithmes d’Instagram, la vente des contenus pédophiles est plus facile et la plateforme l’avoue.
Le cas d'Haïti
En Haïti, nous connaissons de nombreux cas de pédophilie. Toutefois, l’accent n’est pas toujours mis sur le phénomène qui se fait également sur les réseaux sociaux. Pourtant, les pédophiles sont très présents sur ces plateformes. Souvent, nous constatons des commentaires indésirés sous les publications d’images d’enfants, surtout de ceux qui sont déjà sous le feu des projecteurs. Le cas notamment des filles mineures de l'équipe de football féminine ou encore des fillettes de la Fondation Zòn pa fè moun du réputé Fr Luckson. Sur Facebook, YouTube, Instagram ou TikTok, ces commentaires sont souvent très mal vus. C’est l’une des raisons pour lesquelles beaucoup de gens, particulièrement des parents, refusent de poster l’image de leurs enfants pour éviter de tels désagréments. Bien sûr, il existe aussi des moyens de mieux préserver et protéger les enfants sur les réseaux sociaux. Espérons que ceux-ci seront beaucoup plus adoptés par les parents.
Leila JOSEPH