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Quatorze ans après le séisme, les savoirs scientifiques de l'ENGA restent inexploités.
A l’occasion de la quatorzième année de commémoration du séisme qui a durement frappé le pays le 12 janvier 2010, Banj media a interviewé le directeur de l'école nationale de géologie appliquée (ENGA), docteur Michael SAIMBRRTIL sur l'état actuel de l’unique institution d’enseignement supérieur spécialisée dans les sciences de la terre et de l’environnement ainsi que le rôle que cette dernière peut jouer dans le cadre de la prévention des désastres liés aux tremblements de terre.
Ce 12 janvier 2024 marque la quatorzième année de commémoration du violent séisme qui a secoué Haïti et particulièrement la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Cette catastrophe naturelle et humanitaire a entraîné d'énormes pertes en vies humaines et de dégâts matériels. D'après l'ONU, ce désastre a fait environ 280 000 morts, 300 000 blessés et 400 000 bâtiments détruits et endommagés.
Dans ce lourd bilan, l'édifice non parasismique de l'École Nationale de Géologie Appliquée (ENGA) n'a pas été épargné. 14 ans après, le nouveau local de la seule institution d'enseignement supérieur en science de l'environnement et de la terre n'arrive toujours pas à sortir de terre, affirme le directeur de l'ENGA.
Mission de l'ENGA
L’École Nationale de Géologie Appliquée (ENGA), autrefois appelée École Moyenne de Techniciens Géologues (EMTG) fut créée par décret présidentiel en avril 1978, suite à la création de l’Institut National des Ressources Minérales (INAREM) en 1975 et le Département des Mines. Au cours de cette période, la recherche minière s’étant intensifiée dans le pays, le gouvernement d’alors se trouvait dans l’impérieuse obligation de former des techniciens géologues dans le but d'accompagner les experts internationaux, les ingénieurs miniers et les géologues nationaux. Et c'est à partir de 1988 que l'École Moyenne de Technicien Géologue va changer de dénomination pour devenir l'Ecole Nationale de Géologie Appliquée dit ENGA.
Aujourd'hui, avec la dégradation accélérée de l’environnement et les risques naturels (risque sismique, mouvement de terrain, risque d'inondation, cyclone, changement climatique) auxquels le pays fait face, la formation de cadres en Sciences de la Terre et de l’Environnement s'avère de plus en plus nécessaire; explique le directeur de ladite institution.
L'ENGA: Un atout non exploité par l'Etat haïtien dans la prévention des catastrophes causées par les phénomènes naturels.
Pour le directeur de l'Ecole Nationale de Géologie Appliquée, le docteur Mickaël SAMBERTIL, l'ENGA devrait-être considérée comme un bras technique du Ministère de l’Éducation Nationale en matière de risques.
C’est l’Unique centre d’enseignement supérieur du pays en matière de risques naturels, Où on enseigne de manière fondamentale les géosciences qui traitent de la géologie de façon globale, les risques sismiques et les sciences connexes tel que l’hydrométéorologie, et les changements climatiques donc nos jeunes sont mieux armés en sciences pour aider l’Etat centrale a apporté de solution face aux risques naturels par l’enseignement et l’utilisation de géomatique, raconte-t-il.
Plus loin, le directeur de l'institution déplore le fait qu'ENGA n’est pas contactée scientifiquement pour décider sur des situations qui concernent le pays. "Fort souvent, ce sont des personnes qui ne connaissent même pas la géologie du pays qui prennent la parole au nom de l’Etat sur la gestion des risques et des désastres. Même nos jeunes qui sont très bien formés sont mis à l’écart certaines fois" a-t-il fait remarquer. Toutefois, il n'a pas omis de mentionner que le Titulaire du Ministère de l'Education Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP) a décidé de nommer environ 80 futurs jeunes licenciés de l’ENGA.
L'ENGA: l’unique centre d’enseignement supérieur du pays en manière de risques naturels, est traitée en parent pauvre.
Le docteur Mickaël SAMBERTIL, ne mâche pas ses mots en dressant le portrait de l'institution ainsi que le comportement de l'Etat vis-à-vis de cet héritage scientifique qu'est l'Ecole Nationale de Géologie Appliquée.
"les enseignements de l’ENGA ne se limitent pas aux salles de cours. Il nous faut des moyens pour acheter les instruments de géophysique et de la sismologie ainsi que des logiciels spécialisés en sciences de la terre. Il se trouve que l'Etat est absent sur ce point, car l'ENGA n’a pas de budget de fonctionnement pour acheter ses matériels qui s'avèrent importants pour faciliter la recherche, ", se plaint le responsable de cet établissement. Il poursuit en disant que l’enseignement de la géologie demande beaucoup de financement puisque cela implique des dépenses considérables pour les visites dans les provinces avec les étudiants dans le cadre de l’observation de certains phénomènes, des affleurements du pays ainsi que le paysage haïtien (grottes, failles, glissements, lits des rivières, affleurements, géomatériaux, ressources minières, ainsi que des plages constituées de matériaux géologiques."
L'École Nationale de Géologie Appliquée, depuis le passage du tremblement de terre du 12 janvier 2010, ne fait que bénéficier de l'hospitalité de certaines institutions: "Actuellement ENGA n’a pas de local propre à elle-même pour dispenser les cours. Nous étions logés au local des Frères de l'Instruction Chrétienne (FIC) à la rue du Centre. Les conditions sécuritaires du pays ont empêché à ENGA de rester à la rue du Centre chez les Frères. Maintenant les cours sont dispensés dans un Local à Turgeau sous la base d’un accord dont ENGA n’arrive pas même pas à respecter la clause, ainsi qu'aux Bureaux des Mines et de l’Energie (BME) entre Delmas 31 et Delmas 33" Confie le directeur de L'ENGA à Banj Média lors de son interview.
"Pas de moyens de fonctionnement pour ENGA, le seul Centre de l’Etat spécialisé dans l'enseignement de la géologie dans le pays. Même pas de moyens de déplacement pour ses responsables." Sur cette note, le docteur Mickaël SAMBERTIL montre son indignation par rapport au traitement attribué à l'institution qu'il dirige.
ENGA un centre de formation qui pourrait porter de solutions visant à atténuer la vulnérabilité d'Haïti face aux phénomènes naturels.
Mickaël SAMBERTIL, dans son interview avec Banj Média, soutient que la géologie est l’avenir d’Haïti. "Jusqu’à présent on ne connaît pas le potentiel minier du pays. Nous avons besoin des connaissances en géosciences pour faire l’exploration de nos ressources minières, pour aider dans la gestion des risques naturels surtout avec le changement climatique qui, de nos jours, représentent un défi majeur pour les petits pays dont Haïti." Une meilleure prise en charge de ce centre de formation pourrait être bénéfique pour le pays. C'est donc en ce sens que le directeur conclut en disant qu'il souhaite que l'Etat reconnaisse l'importance de l'ENGA et qu'il parvienne à revaloriser l'image de l'institution.
Bernard CAYO